Appeler à démanteler Facebook alors même que d'autres sociétés tout aussi importantes mettent en oeuvre des stratégies basées sur la donnée et dont les
pratiques sont également discutables, semble pour le moins exagéré.

Cela d'autant plus qu'à ce stade on ne sait que peu de chose sur ce projet Libra, si ce n'est qu'il mobilise les meilleurs éléments de Facebook, pilotés
par David Markus, ancien vice-président de Paypal, que sa structure juridique devrait être hébergée au sein d'une fondation suisse - modèle juridique
dont les juristes soulignent la très forte autonomie et potentielle opacité - et qu'une levée de fonds a été organisée auprès de richissimes influenceurspour
en faciliter le développement initial.
Ne s'agit-il pas finalement là de la marche normale des affaires ? Facebook ne fait-il pas ici preuve de sa capacité d'initiative et d'innovation et de
son droit légitime à poursuivre ses développements ? En réalité, il y a cinq raisons, cumulatives, de s'inquiéter de cette initiative :
EDITO. La cryptorévolution de Facebook
- La première est que la plus haute marche pour Facebook sera justement de lancer le Libra, un outil de paiement plus qu'une monnaie dans un premier temps.
- La deuxième est que l'alliance de fonctions de réseaux sociaux avancées avec celles de paiement est précisément ce qui a permis de construire les services de « crédit social » à l'oeuvre en Chine.
- La troisième est que Facebook n'est pas n'importe quelle compagnie, si cette monnaie venait à réussir, forte de son poids économique, il serait encore plus difficile de lui imposer a posteriori des règles de fonctionnement équitables.
- La quatrième est qu'il est difficile de ne voir dans cette entreprise qu'un seul projet commercial : faut-il rappeler que l'un des personnages les plus influents du conseil d'administration de Facebook est Peter Thiel ?
- Enfin, la cinquième est que, par le passé, Facebook a toujours privilégié la croissance au détriment du respect des données privées. Si les innovations basées sur des projets de monnaies électroniques ne sont pas en soi de mauvaises idées, le contexte décrit ci-dessus invite à une attention particulièrement vive ; sans même ajouter à cela le fait que le niveau de contrôle des données auquel sont arrivées ces entreprises pourrait constituer une barrière à l'entrée très préjudiciable à l'émergence de nouveaux entrants. escortnavi
Il convient de rappeler que le marché européen reste le premier au monde pour toutes ces entreprises, donnant ainsi à l'Union européenne une capacité de
contrainte difficilement égalable, à part évidemment par les autorités américaines elles-mêmes. Voilà pourquoi le principe de démantèlement doit a
minima être évoqué comme une hypothèse.