La toute-puissance des réseaux sociaux, ainsi que l'évolution des formes du travail, ont rendu poreuse la frontière entre les contextes privé et professionnel. Quelle pourrait en être l'incidence sur les processus de recrutement ?
L'évaluation d'un candidat ne porte pas seulement sur ses compétences techniques et son parcours ; le savoir-être, les valeurs fondamentales d'un individu
sont aussi évalués afin de déterminer en quoi une personnalité peut se conformer, ou non, à la culture de l'entreprise. Elle permet d'émettre des réserves
lorsque nécessaire et en respectant un souci de non-discrimination . Pour cette raison, il est important que les organisations soient claires sur les
valeurs qu'elles privilégient chez leurs collaborateurs.

Un aveuglement quant aux usages générationnels ?
On pense trop vite des jeunes professionnels qu'ils sont tous sensibilisés aux bonnes pratiques - qu'ils ne posteront pas un contenu personnel sur une
plateforme publique de crainte d'affecter leur réputation professionnelle - et ne publieront pas, comme certains seniors, des « tweets are my own »
associés au titre « responsable marketing chez X ».
Il est impossible d'avoir une parole privée sur les réseaux sociaux, or l'aveuglement à ce sujet est double : de la part des salariés qui s'imaginent leurs
comportements privés sans effets sur leur vie professionnelle ; de la part des entreprises qui attendent de leurs collaborateurs qu'ils soient en permanence
leurs ambassadeurs.
Les collaborateurs ne sont plus des anonymes
Aujourd'hui, les entretiens d'évaluation bien menés n'ont pas pour objectif d'identifier le « champion » des valeurs de l'entreprise, mais ils permettent
d'éviter des erreurs de recrutement fâcheuses. S'interroger à ce sujet est devenu essentiel afin de ne pas encourager les dérives quand le développement
des outils d'intelligence artificielle rend possible le brassage d'une quantité croissante de données personnelles. En viendra-t-on à justifier dans
les processus de recrutement l'usage d'outils de « veille en e-réputation » paramétrés pour rechercher dans la vie des candidats le moindre écart de
langage, les pétitions signées, les soutiens (ou refus de soutien) aux grévistes, etc. ? Les professionnels sont toujours plus exposés sur leurs profils
LinkedIn. Peuvent-ils encore avoir une parole personnelle ?